ZONE A

4 février 2013

Racines

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Cette rubrique concerne l’histoire du mouvement anarchiste et antiautoritaire, souvent à partir de textes traduits et inédits en français.

Vers un Autre Anarchisme

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Retranscription sommaire de l’intervention de Andrej Grubacic dans le cadre du forum Life After Capitalism (WSF3, Porto Alegre, 2003.)
Texte original Towards Another Anarchism ZNet
http://www.zcommunications.org/towards-another-anarchism-by-andrej-grubacic
25 février 2008

Vers un Autre Anarchisme
Andrej Grubacic

Un des mes amis a écrit récemment « Personne n’a besoin d’un autre -isme du 19ème siècle, d’un autre terme qui emprisonne et fige la pensée, qui séduit un certain nombre de personnes à l’intérieur de la clarté et du confort d’une boîte sectaire et qui en conduit d’autres devant un peloton d’exécution ou des tribunaux. Les étiquettes conduisent si facilement au fondamentalisme, elles engendrent inévitablement l’intolérance, délimitent des doctrines, définissent des dogmes et limitent les possibilités de changement.  »

Il est très difficile de ne pas être d’accord avec ce point de vue. Cependant, aujourd’hui, mon travail agréable consiste précisément un à vous présenter un -isme, et c’est le – isme qui est la perspective dominante du mouvement social mondial actuel post-marxiste. C’est l’ anarchisme. Cette idée, l’idée d’anarchisme, a enjolivé la sensibilité du « mouvement des mouvements » dont nous sommes les participants, et l’a imprimé de sa marque d’une inscription indispensable. L’anarchisme, son paradigme éthique, représente aujourd’hui l’inspiration fondamentale de notre mouvement, qui est moins de s’emparer du pouvoir d’état que de dénoncer, délégitimer et démanteler les mécanismes du pouvoir tout en gagnant des espaces toujours plus grands d’autonomie et de réelle autogestion.
Mon intention est, dans ces quelques minutes dont je dispose, de vous présenter brièvement l’histoire de l’anarchisme, afin de pouvoir, dans un second temps, vous suggérer un modèle d’anarchisme moderne et les implications stratégiques qu’impliquent l’acceptation d’un tel modèle.

Je suis enclin à être d’accord avec celles et ceux qui voient l’anarchisme comme une tendance dans l’histoire de la pensée et les pratiques humaines, une tendance qui ne peut pas être englobée dans une théorie idéologique générale, qui s’efforce à identifier les structures hiérarchiques sociales coercitives et autoritaires en posant la question de leur légitimité: si elles ne peuvent pas répondre à cette remise en question, ce qui est le cas la plupart du temps, alors l’anarchisme devient l’effort pour limiter leur pouvoir et pour élargir les espaces de liberté.

L’anarchisme est, par conséquent un phénomène social, par son contenu et ses manifestations au sein de l’activité politique changent avec le temps. Ce qui est spécial avec l’anarchisme , c’est que, contrairement à toutes les grandes idéologies, il ne pourra jamais avoir une existence stable et continue de terrain, en étant présent dans un gouvernement ou dans un système politique de parti. Son histoire et ses spécificités contemporaines sont donc déterminés par un autre facteur – les cycles des luttes politiques. En conséquence, l’anarchisme comprend des tendances « générationnelles » dans le sens où il est possible d’identifier des phases plutôt discrètes de son histoire selon la période de lutte dans laquelle celles-ci s’inscrivent. Naturellement, comme toute tentative de conceptualisation, celle-ci est aussi vouée à simplification. J’espère que, malgré cela, cela sera utile pour comprendre ce phénomène social.

Historiquement, la première phase a été modelée par les luttes de classe du 19ème siècle en Europe et est illustrée, à la fois en théorie et en pratique par la faction Bakouniniste dans la Première Internationale. Elle commence dans la période qui précède 1848, culmine avec la Commune de Paris (1871) et décline durant les années 1880.

C’est une forme assez embryonnaire d’anarchisme, mélange de tendances anti étatiques , anticapitaliste et athéiste, tout en étant essentiellement tributaire du prolétariat urbain qualifié comme agent révolutionnaire. Bakounine, ce rêveur magnifique, cette « dynamite, pas un homme », qui, en 1848, s’est écrié que « la Neuvième Symphonie de Beethoven devrait être sauvée des incendies prochains de la révolution mondiale au prix d’une vie humaine »,nous a légué les plus belles et peut-être les plus précises descriptions d’une simple idée maîtresse au sein de la tradition anarchiste : « Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des êtres humains ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’état, mensonge éternel qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde ; non de cette liberté individualiste, égoïste mesquine et fictive prôné par l’école de J.J. Rousseau ainsi que par toutes les autres école du libéralisme bourgeois et qui considère le soit disant droit de tout le monde, représenté par l’état comme la limite du droit de chacun, ce qui aboutit nécessairement et toujours à la réduction du droit de chacun à zéro Non, je pense à la seule sorte de liberté qui en mérite le nom, la liberté qui consiste dans le plein essor de toutes les capacités matérielles, intellectuelles et morales qui sont latentes chez chaque individu ; la liberté qui ne reconnaît aucune autres restrictions que celles déterminées par les lois de notre propre nature individuelle, qui ne peuvent pas être à proprement parlé considérées comme des restrictions puisque ces lois ne sont pas imposées par un quelconque législateur extérieur égal ou supérieur à nous, mais qu’elles sont immanentes et inhérentes, formant la base même de notre être physique, intellectuel et moral – elles ne nous limitent pas mais sont les conditions indispensables et immédiates à notre liberté ».

La seconde phase, à partir des années 1890 jusqu’à la guerre civile russe voit un considérable déplacement vers l’Europe de l’Est et prend donc une orientation clairement agraire. Sur le plan théorique, c’est l’époque ou l’anarcho-communisme de Kropotkine est la caractéristique la plus dominante. Il connait un pic avec l’armée de Makhno et engendre, après la victoire bolchévique, un sous courant en Europe centrale. La troisième phase, des années 20 jusqu’à la fin des années 40, est de nouveau centrée sur l’Europe centrale et de l’ouest et est à nouveau orienté vers l’industrie.
Sur le plan théorique, l’anarcho-syndicalisme est à son pic, avec une grande partie du travail réalisée par des exilés russes. A ce moment, la différence entre deux traditions fondamentales dans l’histoire de l’anarchisme est devenue clairement visible: l’anarcho-communisme et l’on pourrait penser à Kropotkine comme un de ses représentants- et, de l’autre côté, l’anarcho-syndicalisme qui considère seulement les idées anarchistes comme un mode approprié d’organisation de sociétés industrielles avancées très complexes. Et cette tendance dans l’anarchisme fusionne, ou interagit avec une variété de marxismes gauchistes, le genre que l’on trouve disons dans les Conseils communistes qui se développent dans la tradition de Luxembourg et qui est représentée plus tard, de manière très intéressante, par des théoriciens marxistes comme Anton Pannekoek.

Après la deuxième guerre mondiale, l’anarchisme connait une importante baisse d’audience due à la reconstruction économique et surnage seulement de façon marginale dans les luttes anti impérialistes dans le Sud, luttes qui sont cependant largement dominées par l’influence pro- soviétique. Les luttes des années 60 et 70 ne voient pas une sérieuse résurgence de l’anarchisme, qui porte encore le poids mort de son histoire et qui est incapable encore de s’adapter au nouveau langage politique, qui n’est pas centré sur les classes. On trouve par conséquent des tendances anarchistes dans les mouvements contre la guerre, féministes, situationnistes, black power etc., mais rien qui ne soit absolument identifiable comme anarchisme. Les groupes explicitement anarchistes de cette période n’étaient plus ou moins qu’une redite des deux précédentes phases (communistes et syndicalistes révolutionnaires) et quelque peu sectaires- au lieu de rejoindre ces nouvelles formes d’expression politique, ils se sont renfermés sur eux-mêmes et ont généralement adopté des chartes très rigides comme l’anarchisme appelé « plateformiste » dans la tradition de Makno. En cela, il s’agit d’une quatrième génération « fantôme ».
Arrivé de nos jours, nous avons deux générations coexistantes au sein de l’anarchisme: des gens dont la formation politique a eu lieu dans les années 60 et 70 (une réincarnation de la seconde et troisième génération, en réalité), et des personnes plus jeunes qui sont plus imprégnés, entre autres, de la pensée indigène, féministe, écologiste et contre culturelle. Les premiers existent à travers différentes Fédérations Anarchistes, les IWW, l’IWA, le NEFAC et autres. Les seconds s’incarnent dans les réseaux les plus en vue des nouveaux mouvements sociaux. De mon point de vue, Peoples Global Action est l’organe principal de la cinquième génération de l’anarchisme. Ce qui est parfois déroutant est que l’une des caractéristiques actuelles de l’anarchisme est que les individus qui la composent ne se revendiquent pas eux-mêmes comme anarchistes. Ils en en a quelques-uns qui prennent tellement au sérieux les principes anarchistes d’anti-sectarime et d’ouverture d’esprit qu’ils sont parfois peu disposés pour cette raison même à se définir comme ‘anarchistes’.

Mais les trois points essentiels qui traversent toutes les manifestations sont sans aucun doute présents ici – anti-étatisme, anti-capitalisme et modes d’organisations politiques préfiguratives (ex. modes d’organisation qui ressemblent volontairement au monde que vous voulez construire. Ou, comme un historien anarchiste de la révolution espagnol l’a formulé « un effort pour penser non seulement les idées mais aussi les réalités du futur ».) Cela existe partout, des collectifs contre culturels jusque dans Indymedia, qui peuvent tous être qualifiés d’anarchistes, si l’on admet que l’on se réfère à une nouvelle forme. Il existe un degré de confluence très limité entre les deux générations coexistantes, la plupart du temps sous la forme d’un suivi et de ce que fait chacune d’entre elle – mais pas beaucoup plus.
Le dilemme fondamentale qui imprègne l’anarchisme contemporain par conséquent, est entre les conceptions traditionnelles et modernes. Dans les deux cas, nous sommes les témoins d’un « échappatoire à la tradition » dans son genre.

J’oserai avancer que les « anarchistes traditionnels » n’ont pas entièrement compris cette tradition. Le terme même de « tradition » a deux sens historiques: A savoir, l’un est plus courant et plus répandu et c’est le sens de folklore – « des normes de récits, de croyances, d’habitudes, de comportements », alors que le second est moins habituel et signifie: transmettre, léguer, exprimer, discuter, conseiller.
Pourquoi est-ce que j’attire l’attention sur, mais aussi insiste sur, cette différence dans l’explication de ce terme tradition? Justement parce qu’il existe la possibilité que ce terme peut , dans l’histoire des idées, être compris des deux manières. La première (probablement la plus répandue) est que la tradition est acceptée comme une structure achevée qui ne peut pas ou ne doit pas être modifiée plus avant, mais préservée dans en l’ état matériel et transmise inchangée aux générations futures. Une telle interprétation de la tradition est liée à cette partie de la nature humaine que l’on appelle conservatrice et qui est sujet à un comportement stéréotypé, Freud dirait même « la compulsion de la répétition ». L’autre sens de tradition, dont je me fais l’avocat ici, se rapporte à la nouvelle et créative façon de revivre l’expérience de la tradition. Une telle façon, disons-le tout de suite, positive de communiquer, trouve ses racines de l’autre côté de la nature humaine, provisoirement appelée révolutionnaire, celle d’une vérité exprimée de tout temps de façon paradoxale : un souhait de changement et,en même temps, un besoin salutaire de rester le même.

Une autre forme de « l’échappatoire à la tradition » est celle qui trouve refuge dans différentes interprétations post-modernes de l’anarchisme.

Je pense qu’il est grand temps pour une certaine « dés-illusion » , pour citer Max Weber, de l’anarchisme, un réveil face au rêve du nihilisme post-moderne, de l’anti-rationalisme, du néo-primitivisme, du terrorisme culturel, « simulacres ». Il est temps de rétablir l’anarchisme dans le contexte politique et intellectuel des Lumières qui n’est rien d’autre que la compréhension que « la connaissance objective est un outil qui doit être utilisé afin que les individus puissent prendre les décisions appropriées par eux-mêmes. La raison, a dit le célèbre peintre Goya, ne produit pas des monstres quand elle rêve mais quand elle dort
Je dirais qu’aujourd’hui, le dialogue est nécessaire entre les différentes générations de l’anarchisme moderne. Ce dernier est imprégné d’innombrables contradictions. Il n’est pas suffisant de se rallier aux habitudes de la majorité des penseurs anarchistes contemporains qui insistent sur les dichotomies. Il serait souhaitable d’abandonner la façon de penser du « ou – ou », et de commencer à discuter pour rechercher une synthèse. Est-ce qu’une telle synthèse est possible? Il me semble que oui.

Un nouveau modèle d’anarchisme moderne, que l’on peut discerner aujourd’hui à l’intérieur du nouveau mouvement social, insiste sur l’élargissement du sujet de l’anti-autoritarisme, tout en désertant le réductionnisme de classes. Un tel modèle tente de reconnaître la « domination dans sa totalité », c’est à dire, « mettre en lumière non seulement l’état mais aussi les relations entre sexes pas seulement l’économie mais également les relations culturelles et l’écologie, la sexualité, la liberté sous toute ses formes et tout cela pas seulement à travers le seul prisme des relations autoritaires , mais également enrichi par des concepts plus riches et variés. Cette approche ne dénonce pas seulement la technologie per se mais elle se l’approprie et l’emploie de différentes manières si cela est approprié. Elle ne se contente pas de contester les institutions per se, ou les formes d’organisations politiques per se, elle essaie de concevoir de nouvelles formes d’institutions et d’organisations politiques pour le militantisme et la société nouvelle, incluant des nouvelles formes de réunions, de prises de décision, de coordination, de la même façon qu’ont déjà été revitalisés des groupes affinitaires et de paroles. Et elle ne dénonce pas seulement les réformes per se, mais lutte pour définir et gagner des réformes non réformistes, attentive au besoins immédiats des gens et à l’amélioration de leur vie ici et maintenant , tout en recherchant des gains plus lointains et, finalement, une transformation totale. »

L’anarchisme peut devenir efficace que si il comprend ces trois composantes inséparables: des organisations de travailleurs, des militants et des chercheurs. Comment créer une base pour un anarchisme moderne englobant ces niveaux, syndicale, populaire et intellectuel? Il existe plusieurs solutions en faveur d’un autre anarchisme qui seraient capables de promouvoir les valeurs citées ci-dessus. La première est je pense qu’il est nécessaire que l’anarchisme devienne réfléchi. Qu’est-ce que j’entends par là ? Le combat intellectuel doit réaffirmer sa place dans l’anarchisme moderne. Il apparaît que l’une des faiblesses fondamentales du mouvement anarchiste actuel est, par rapport à l’époque disons de Kropotkine, Reclus, ou Herbert Read, est précisément la négligence du symbolique et la domination de l’efficacité de la théorie.

Au lieu de critiquer le populaire conte de fée marxiste post-moderne d’ « Empire », ils devraient écrire un Empire anarchiste. La religion marxiste s’est référée, pendant longtemps, à la théorie et, ce faisant, s’est donnée une apparence scientifique et la possibilité d’agir comme une théorie. Ce dont a besoin l’anarchisme aujourd’hui c’est de dépasser les deux extrêmes que sont l’anti-intellectualisme et l’intellectualisme. Comme Noam Chomsky, je n’ai ni sympathie ni patience pour de telles idées. Je pense que l’antagonisme entre science et anarchisme ne devrait pas exister: « Dans la tradition anarchiste, il a existé un certain sentiment qu’il y avait quelque chose de l’ordre de l’enrégimentement et de l’oppression dans la science en elle-même. Je ne connais aucun argument face à l’irrationalité. Je ne pense pas que les méthodes scientifiques aspirent à autre chose qu’à être raisonnable, et je ne vois pas pourquoi les anarchistes ne devraient pas être raisonnables ». Comme Chomsky, j’ai encore moins de patience envers une tendance bizarre qui s’est développée, sous différentes formes, au sein de l’anarchisme : « Il me semble remarquable que les intellectuels de gauche aujourd’hui devraient chercher à priver les personnes opprimées des joies de la compréhension et de la perspicacité, mais également d’outils d’émancipation, en nous informant que le projet des Lumières est mort, que nous devons abandonner les illusions de la science et de la rationalité – un message qui fera chaud au cœur des puissants… »

Devant nous, à l’avenir, se dessine la tâche de concevoir le profil du chercheur anarchiste. Quel serait son rôle? Pas de donner des conférences magistrales, certainement, comme le font les vieux intellectuels de gauche. Il ne serait pas un enseignant mais quelqu’un qui s’inscrirait dans un rôle nouveau et difficile : celui de présenter les intérêts de l’élite dominante soigneusement cachés derrière des discours prétendument objectifs.

Il doit aider les militants et les alimenter en faits. Il est nécessaire d’inventer une nouvelle forme de communication entre les militants et les chercheurs militants. Il est nécessaire de créer un mécanisme collectif qui relierait les scientifiques, les travailleurs et les militants libertaires. Il est nécessaire de fonder des instituts, des revues des communautés scientifiques libertaires internationales. Je pense qu’ainsi le sectarisme, un phénomène malheureusement très répandu dans l’anarchisme moderne, perdrait de sa vigueur. Parmi les tentatives organisées pour résister à ce sectarisme, l’esquisse d’une nouvelle internationale anarchiste, que l’on m’a communiqué dernièrement et que je vais vous présenter maintenant.

L’ INTERNATIONALE ANARCHISTE est une initiative ayant pour but d’offrir un lieu pour des anarchistes de toutes les parties du monde qui souhaitent exprimer leur solidarité mutuelle, faciliter la communication et la coordination, apprendre mutuellement des efforts et des expériences des autres, et donner un écho plus grand à la parole et aux perspectives anarchistes dans les milieux politiques radicaux, mais qui souhaite le faire d’une façon qui rejette toute trace de sectarisme, d’avant-gardisme et d’élitisme révolutionnaire.

Nous ne considérons pas l’anarchisme comme une philosophie inventée au 19ème siècle en Europe, mais plutôt comme la pratique et la théorie mêmes de la liberté – cette liberté authentique qui n’est pas construite sur le dos des autres – un idéal qui a été perpétuellement redécouvert, rêvé, pour lequel on s’est battu sur tous les continents et à toutes les périodes de l’histoire humaine. L’anarchisme aura toujours des milliers de courants, parce que la diversité fera toujours partie de l’ essence de la liberté, mais créer des réseaux de solidarité peut les rendre tous plus puissants.

 ********* CARACTERISTIQUES: *********

1) Nous sommes anarchistes parce que nous croyons que la liberté et le bonheur humain seraient mieux garantis par une société basée sur des principes d’auto-organisation , d’ association volontaire, d’assistance mutuelle et parce que nous refusons toute forme de relations sociales basées sur la violence systémique , telles que l’état ou le capitalisme.
2) Nous sommes cependant profondément anti-sectaires, ce qui signifie que:
a) nous n’essayons pas de faire valoir aucune forme particulière d’anarchisme au détriment des autres: Plateformiste, Syndicaliste, Primitiviste, Insurrectioniste ou toutes autres. Ni ne voulons exclure personne sur ces bases – nous considérons la diversité comme un principe en lui-même, limité seulement par notre refus commun des structures de domination racisme, sexisme, fondamentalisme, etc.

b) puisque nous ne considérons pas tant l’anarchisme comme une doctrine que comme un processus, un mouvement, vers une société libre, juste et durable , nous pensons que les anarchistes ne devraient pas se contenter de coopérer avec ceux qui s’identifient comme anarchistes , mais devraient rechercher activement à coopérer avec quiconque travaille à créer un monde basé sur ces mêmes grands principes libératoires, et, en fait, apprendre d’eux. L’un des buts de l’Internationale est de faciliter cela :à la fois de faciliter la mise en relation de ces millions de personnes à travers le monde qui sont, en réalité, anarchistes sans le savoir, avec les réflexions de ceux qui ont travaillé dans cette tradition même, et, en même temps, d’enrichir la tradition anarchiste elle-même à travers les contacts avec ces expériences.

3) Nous rejetons toute forme d’avant-gardisme et nous pensons que le rôle réel de l’intellectuel anarchiste ( rôle qui devrait être ouvert à tous) est de prendre part au dialogue en cours : apprendre des expériences de luttes et de constructions communautaires populaires et offrir en retour les fruits de la réflexion sur ces expériences, non pas dans un esprit de diktat, mais comme un cadeau.

4) Quiconque acceptant ces principes est membre de l’ Internationale Anarchiste et tout membre de celle-ci est habilité à agir comme porte-parole si il le souhaite. Puisque nous apprécions la diversité nous ne nous attendons pas à une uniformité de d’opinions autre que l’acceptation des principes eux-mêmes (et bien sûr, la reconnaissance de l’existence d’une telle diversité )

5) L’organisation n’est ni un bien ni un mal en elle-même; le niveau de structure organisationnel approprié à tout projet ou tâche précise ne peut jamais être décidé à l’avance mais ne peut être que déterminé par ceux qui y sont engagés. En ce qui concerne donc tout projet initié au sein de l’Internationale: il reviendra à ses initiateurs de déterminer la forme et le niveau d’organisation appropriés. En ce sens, une structure de prise de décision n’est pas nécessaire pour l’Internationale en elle-même mais si, à l’avenir, des membres ressentent le contraire, il leur appartiendra de déterminer son type de fonctionnement, étant entendu que cela respectera l’idée générale de décentralisation et de démocratie directe.
En outre, l’anarchisme doit se tourner vers les expériences d’autres mouvements sociaux. Il doit s’inclure dans les évolutions des sciences sociales progressistes. Il doit être en collusion avec les idées émises par les cercles proches de l’anarchisme. Prenons par exemple l’idée de l’économie participative (1) qui représente une vision économiste anarchiste par excellence et qui complète et rectifie la tradition économiste anarchiste. Il serait avisé d’écouter ces voix qui avertissent de l’existence de trois classes principales dans le capitalisme moderne , et non pas seulement deux. Il existe également une autre classe sociale, appelée classe coordinatrice par ces théoriciens. Son rôle est de contrôler le travail de la classe ouvrière. Elle inclut la hiérarchie des cadres les consultants professionnels et les conseillers, qui occupent une place centrale dans leur système de contrôle – tels les avocats, les ingénieurs, les agents financiers, etc. Ils bénéficient de leur position de classe grâce à leur monopolisation relative de la connaissance, des compétences et des relations. C’est ce qui leur permet d’avoir accès aux positions qu’ils occupent au sein des hiérarchies des entreprises et des gouvernements.

Autre point à prendre en compte, la classe coordinatrice est capable d’être une classe gouvernante. C’est en fait la vraie signification historique de l’Union Soviétique et des autres pays prétendus communistes. Ce sont en fait des systèmes qui donnent le pouvoir à la classe coordinatrice.

Enfin, je pense que l’anarchisme moderne doit se tourner vers une vision politique.

Cela ne signifie pas que les différences tendances de l’anarchisme ne plaident pas pour des formes très précises d’organisation sociale, bien que souvent nettement différentes les unes des autres. Pour l’essentiel, cependant, l’anarchisme dans son ensemble soumet une « liberté négative », c’est à dire une liberté qui « s’oppose à », plutôt qu’une liberté substantive « pour ».
Bien sûr, l’anarchisme salue souvent son attachement à la liberté négative comme la preuve de son pluralisme, de sa tolérance idéologique ou de sa créativité. Cependant, l’échec de l’anarchisme pour énoncer les circonstances historiques qui auraient pu rendre possible l’établissement d’une société anarchiste sans état pose un problème à la pensée anarchiste qui reste irrésolu à ce jour. Un ami me disait, il y a peu, que « vous autres anarchistes vous débrouillez toujours pour garder les mains propres, de telle manière que vous vous retrouvez sans mains du tout. » Je pense que cette remarque résume exactement le manque d’une réflexion plus sérieuse quant à une vision politique.

Pierre Joseph Proudhon a essayé de formuler une image concrète d’une société libertaire. Sa tentative s’est révélée être un échec et, selon mon opinion, totalement décevante. Cependant, cet échec ne doit pas nous décourager souligne la voie suivie par les écologistes sociaux, par exemple, en Amérique du Nord – une voie menant à la formulation d’une vision politique anarchiste sérieuse. Le modèle anarchiste devrait également essayer de répondre à la question : « quelles sont les alternatives constructives anarchistes aux législatures, tribunaux, forces de police, et diverses instances exécutives » pour « offrir une vision politique qui inclut la législation, la mise en œuvre, l’adjudication et la défense et qui montre comment chacune de ces tâches pourraient être accomplies de façon anti-autoritaire. Promouvoir des perspectives positives ne fournirait pas seulement un espoir à long terme si nécessaire à notre militantisme, mais informerait aussi sur nos alternatives immédiates face aux systèmes actuels électoral, législatif, judiciaire et de maintien de l’ordre nos réponses immédiates, et, par conséquent, sur de nombreux choix stratégiques de notre part
Enfin, quelles seraient les implications stratégiques de la promotion d’un tel modèle?

Lors de contacts avec des militants anarchistes, j’ai entendu plusieurs fois une proposition avec laquelle je n’ai aucune sympathie et pour laquelle je n’ai aucune explication. Nous devrions, disaient-ils faire un effort et vivre moins bien pour que les choses aillent mieux. A l’inverse de cette logique extraordinaire, qui signifie « plus c’est pire et meilleur c’est », je pense qu’il serait plus raisonnable et beaucoup plus pratique d’écouter l’avis d’anarchistes argentins qui plaident pour « l’élargissement de la cage ». Une telle stratégie impliquera, au contraire, de se battre pour et d’obtenir des réformes, faute de révolution, de manière à, en même temps, améliorer les conditions et les options des gens immédiatement et de créer également des opportunités pour de futures victoires à l’avenir. Elle indiquera que, plaider pour une société nouvelle n’implique pas d’ignorer les difficultés et les souffrances actuelles mais que lorsque nous travaillons à combattre des maux actuels, pour rendre la situation meilleure immédiatement, nous devrions le faire de façon à éveiller les consciences, renforcer nos communautés et développer nos organisations et que cela conduit par conséquent à une trajectoire de changements continuels aboutissant à l’élaboration de nouvelles structures économiques et sociales. Élargir la cage n’exclut pas les luttes populaires à court terme, pour des augmentation de salaires, la fin d’une guerre, la discrimination positive, de meilleures conditions de travail, un budget participatif, un impôt progressif ou radical, une semaine de travail plus courte à plein traitement, l’abolition du FMI, ou quoi que ce soit d’autre – parce que cela tient compte de la réalité du développement de la conscience et de l’organisation des gens à travers les luttes et évite le genre de mépris parmi les militants envers les efforts courageux des gens pour améliorer la qualité de leurs vies.

En guise de conclusion, je pense qu’un tel modèle d’anarchisme moderne pourrait jouer un rôle constructif, à construire, face aux actuelles horreurs du capitalisme, un mouvement post-marxiste qui pourrait se réclamer des valeurs des Lumières et qui pourraient finalement en réaliser le potentiel entier.

Merci.

J’aimerais remercier mes amis David Graeber, Uri Gordon et Michael Albert.Toutes les idées que vous avez pu lire pourraient très bien avoir été inventées par l’un d’eux.

L’Anarchisme, Ou Le Mouvement Révolutionnaire du Vingt et Unième Siècle

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L’Anarchisme, Ou Le Mouvement Révolutionnaire du Vingt et Unième Siècle
Andrej Grubacic & David Graeber

Texte traduit publié avec l’autorisation de David Graeber
Texte original http://www.zcommunications.org/anarchism-or-the-revolutionary-movement-of-the-twenty-first-century-by-david-graeber Publié le 6 janvier 2004

Il devient de plus en plus évident que le temps des révolutions n’est pas terminé. De même, il devient de plus en plus clair que le mouvement révolutionnaire mondial du vingt et unième siècle trouvera moins ses origines dans la tradition marxiste, ou même dans le socialisme au sens strict, que dans l’anarchisme

Partout, de l’Europe de l’Est à l’Argentine, de Seattle à Bombay, les idées et principes anarchistes sont en train de faire naitre de nouvelles visions et rêves radicaux. Souvent, leurs défenseurs ne se revendiquent pas « anarchistes ». Ils se présentent sous d’autres noms : autonome, anti-autoritarisme, horizontalité, Zapatisme, démocratie directe … Malgré tout on retrouve partout les mêmes principes de base : décentralisation, association volontaire, assistance mutuelle, modèle de réseau et plus que tout, le rejet de l’idée que la fin justifie les moyens, sans parler de celle selon laquelle la tache d’un révolutionnaire est de s’emparer du pouvoir d’état et donc de commencer à imposer sa vision au bout du fusil. Par dessus tout, l’anarchisme comme une éthique de pratiques – l’idée de construire une société nouvelle “à l’intérieur de l’ancienne” — est devenu l’inspiration de base du “mouvement des mouvements” (dont les auteurs font partie), dont le but a été dès le début moins de s’emparer du pouvoir d’état que dénoncer, délégitimer et démanteler les mécanismes de domination tout en gagnant des espaces d’autonomie toujours plus grands, avec à l’intérieur une gestion participative.

Il existe des raisons évidentes à l’attraction envers les idées anarchistes au début de ce 21ème siècle : la plus évidente, les échecs et catastrophes résultant des si nombreux efforts pour renverser le capitalisme en s’emparant du contrôle des appareils de gouvernement durant le 20eme. Un nombre toujours plus important de révolutionnaires ont commencé à admettre que “la révolution” ne surviendra pas comme un grand moment apocalyptique, la prise de l’équivalent d’un Palais d’Hiver mais comme un long processus qui s’est déroulé depuis une grande partie de l’histoire de l’humanité (même si, comme la plupart des choses, cela s’est accéléré ces derniers temps), rempli de stratégies d’offensives et de replis autant que d’affrontements spectaculaires et qui ne connaitra jamais – en fait la plupart des anarchistes pensent ne devrait jamais connaître – une conclusion définitive.

C’est un peu déconcertant, mais cela nous offre une énorme consolation : nous n’avons pas à attendre jusqu’à “après la révolution” pour entrevoir à quoi ressemble la vraie liberté. Comme l’exprime joliment le Crimethinc Collective, les propagandistes les plus importants de l’anarchisme américain contemporain: “la liberté n’existe que dans les moments de révolution. Et ces moments ne sont pas aussi rares que vous le pensez.” Pour un anarchiste, en fait, essayer de créer des expériences non aliénantes, une démocratie réelle, est un impératif éthique; c’est seulement en construisant une forme d’organisation au présent, au moins une approximation rudimentaire de comment fonctionnerait réellement une société libre, où tous, chaque jour, seraient en mesure de vivre, que l’on pourra garantir que nous ne redégringolerons pas dans le désastre. Des révolutionnaires sinistres et tristes qui sacrifient tous les plaisirs à la cause ne peuvent produire que des sociétés sinistres et tristes.

Ces changements ont été difficiles à documenter parce que, jusqu’à aujourd’hui, les idées anarchistes n’ont reçu quasiment aucune attention dans les milieux de la recherche. Il existe encore des milliers de chercheurs marxistes mais presque aucun anarchistes. Ce vide est quelque peu difficile à expliquer. C’est sans doute en partie parce que le marxisme a toujours eu des affinités avec le milieu universitaire, affinités dont ne bénéficie pas l’anarchisme de toute évidence. Après tout, le marxisme a été le seul grand mouvement social inventé par un Docteur en Philosophie. La plupart des travaux sur l’histoire de l’anarchisme partent du principe qu’il était en gros similaire au marxisme : l’anarchisme est présenté comme l’invention personnelle de quelques penseurs du 19ème siècle (Proudhon, Bakounine, Kropotkine…) qui inspirèrent ensuite des organisations de la classe ouvrière, s’empêtrèrent dans des luttes politiques, se divisèrent en sectes…

L’anarchisme apparaît couramment dans les études comme le cousin pauvre du marxisme, théoriquement un peu maladroit mais fait pour des cerveaux, peut-être, avec passion et sincérité. L’analogie est réellement fausse. Les « fondateurs » de l’anarchisme ne se voyaient pas comme ayant inventé quelque chose de particulièrement nouveau. Ils considéraient ses principes de base — assistance mutuelle, association volontaire, prise de décision égalitaire— aussi vieux que l’humanité. Il en va de même pour le rejet de l’état et toutes les formes de violence structurelle, inégalité ou domination (anarchisme signifie littéralement “sans gouvernants”) — avec l’affirmation que toutes ces formes sont reliées entre elles et se renforcent. Aucun de ces principes n’étaient considérés comme le départ d’une nouvelle et surprenante doctrine, mais comme une tendance inscrite de longue date dans l’histoire de la pensée humaine et qui ne peut être inclus dans aucune théorie générale d’une idéologie .[1]

D’un certain point de vue c’est une sorte de foi: la croyance que la plupart des formes d’irresponsabilités qui semblent rendre nécessaire le pouvoir sont en réalité les effets du pouvoir lui-même. En pratique, c’est un questionnement constant, un effort pour identifier chaque relation obligatoire ou hiérarchique dans la vie humaine et leur mise à l’épreuve pour en tester la validité, et si cela n’est pas possible — ce qui s’avère généralement être le cas— un effort pour limiter leur pouvoir et donc élargir ainsi la portée de la liberté humaine. Tout comme un soufi pourrait dire que le soufisme est le noyau de vérité derrière toutes les religions, un anarchiste pourrait prétendre que l’anarchisme est l’incitation à la liberté derrière toutes les idéologies politiques

Les écoles du marxisme ont toujours eu des fondateurs. Tout comme le marxisme est né du cerveau de Marx ; nous avons des léninistes, des maoïstes, des althussériens… (Notez comment la liste commence avec des chefs d’états et des classes sociales pour la plupart des professeurs français — qui à leur tour sont capables de donner naissance à leur propre secte : Lacaniens, Foucauldiens….)
Les écoles de l’anarchisme au contraire, émergent presque invariablement d’une forme quelle qu’elle soit de principe d’organisation ou de forme de pratique : Anarcho-syndicalistes et Anarcho-Communistes, Insurrectionnalistes et Plateformistes, Coopérativistes, Conseillistes, Individualistes, etc

Les anarchistes se distinguent par ce qu’ils font et comment ils s’organisent pour le faire. Et en effet, c’est à réfléchir et à débattre de cela que les anarchistes ont passé le plus clair de leur temps . Ils n’ont jamais montré beaucoup d’intérêt pour les diverses grandes stratégies ou questions philosophiques qui préoccupent les marxistes, du genre :est-ce que les paysans représentent une classe potentiellement révolutionnaire? (les anarchistes considèrent que c’est aux paysans de décider) ou quelle est la nature de la marchandise ? Ils ont plutôt tendance à débattre sur la manière réellement démocratique de conduire une réunion, à quel moment l’organisation cesse de donner de la puissance à l’individu et commence à entraver la liberté individuelle. Est-ce que le “leadership” est nécessairement une mauvaise chose? Ou, encore, au sujet de l’éthique de l’opposition aux pouvoirs: Qu’est-ce que l’action directe ? Doit-on condamner quelqu’un qui assassine un chef d’état? Quand est-il juste de lancer un pavé?

Le marxisme, donc, a eu tendance à se constituer en un discours théorique ou analytique sur la stratégie révolutionnaire. L’anarchisme a eu tendance à tenir un discours éthique sur cette même pratique. Il en résulte que, si le marxisme a produit des brillantes théories sur la praxis, c’est la plupart du temps des anarchistes qui ont travaillé sur la praxis en elle-même.

Il apparaît actuellement comme une rupture entre les générations de l’anarchisme: entre ceux dont la formation politique remonte aux années 60 et 70 — et qui ne se sont pas encore débarrassés des habitudes sectaires du siècle dernier— ou qui agissent encore dans ce cadre, et des militants plus jeunes beaucoup mieux informés, entre autres, à travers les idées des mouvements indigènes, féministes, écologistes et contre culturels. Les premiers s’organisent principalement à travers des Fédérations Anarchistes en vue telles que IWA, NEFAC ou IWW. Les seconds travaillent avant tout à travers les réseaux du mouvement social mondial comme Peoples Global Action, qui réunit des collectifs anarchistes d’Europe et d’ailleurs avec des groupes allant de militants Maoris en Nouvelle Zélande, des pêcheurs d’Indonésie en passant par le syndicat des postiers canadiens [2]. Ces derniers — que l’on pourrait appeler approximativement des « anarchistes, avec un a minuscule”, sont aujourd’hui de loin la majorité. Mais cela est difficile à affirmer puisque beaucoup d’entre eux ne revendiquent pas très ouvertement leurs affinités. En réalité, ils sont nombreux à prendre si sérieusement les principes anarchistes d’anti-sectarisme et d’évolutivité ouverte qu’ils refusent de se qualifier d’anarchistes pour ces raisons mêmes [3].

Mais les trois points essentiels qui traversent toutes les expressions de l’idéologie anarchiste sont bel et bien là — anti-étatisme, anti-capitalisme et actions politiques préfiguratives (par exemple,. modes d’organisation qui ressemblent délibérément à la société que l’on veut créer. Ou, comme un historien anarchiste de la révolution espagnol l’a formulé “un effort pour penser non seulement l’idées mais les réalités elles-mêmes de l’avenir”.[4] Cela est présent partout des collectifs contre culturels [jamming] jusqu’à Indymédia, tout cela pouvant être nommé anarchiste au nouveau sens du terme.[5] Dans certains pays, il n’existe qu’un degré limité de confluences entre ’es deux générations coexistantes, principalement sous la forme d’un suivi de ce que l’autre — mais pas beaucoup plus.

L’une des raisons en est que la nouvelle génération est beaucoup plus intéressée à développer de nouvelles formes de pratiques que de débattre sur les plus petits détails idéologiques. L’exemple le plus spectaculaire en a été le développement de nouvelles formes de prises de décision, les prémisses, au moins, d’une culture alternative de la démocratie. Les célèbres spokescouncils* nord-américains ou des milliers de militants coordonnent des actions à grande échelle par consensus, sans structure formelle de leadership, n’en sont que les plus spectaculaires.

A vrai dire, qualifier ces formes de « nouvelles » est quelque peu fallacieux. L’une des principales inspirations pour la nouvelle génération d’anarchistes sont les municipalités autonomes zapatistes du Chiapas, basés à Tzeltal ou Tojolobal — des communautés qui ont utilisé le consensus depuis des milliers d’années — et adopté maintenant seulement par des révolutionnaires pour garantir aux femmes et aux plus jeunes d’avoir une voix égale. En Amérique du Nord, le « processus du consensus” a émergé plus que tout autre chose du mouvement féministe des années 70, comme une vaste réaction négative contre le style macho de leadership typique de la Nouvelle gauche des années 60. L’idée même de consensus a été empruntée aux Quakers, qui eux-mêmes, disent avoir été inspirés par les Six Nations et autres pratiques indiennes.

Le consensus est souvent mal compris. On entend souvent des critiques qui prétendent qu’il engendre une conformité étouffante, mais ces critiques ne proviennent pratiquement jamais de personnes qui ont réellement observé le consensus en action, du moins, guidé par des facilitateurs entrainés et expérimentés (quelques expérimentations récentes en Europe, où il n’existe pas une grande tradition dans ce genre d’exercice se sont révélées quelques peu maladroites). En fait, l’hypothèse de départ est que personne n’est capable de convertir entièrement quelqu’un à son point de vue ou ne le devrait, probablement. Au lieu de cela, le but du processus de consensus est de permettre à un groupe de décider en commun du déroulement d’une action. Au lieu de vas et vient de propositions soumises au vote, ces propositions sont travaillées et retravaillées, amalgamées ou réinventées, avec un processus de compromis et de synthèse, jusqu’à ce que cela se termine par quelque chose qui convient à tous. Lorsque cela arrive à l’étape finale, réellement « trouver un consensus”, il existe deux niveaux possibles d’ objection: On peut “rester à l’écart”, dire “Je n’aime pas cela et ne participerais pas mais je n’empêcherais personne de le faire”, ou “bloquer”, ce qui a l’effet d’un veto. On ne peut bloquer que si l’on pense qu’une proposition est en violation des principes fondamentaux ou des raisons pour lesquelles un groupe s’est constitué. On pourrait dire que la fonction qui , dans la constitution américaine, est délégué aux tribunaux pour annuler des décisions législatives qui violent les principes constitutionnels, est ici délégué à toute personne qui a le courage de s’opposer à la volonté collective du groupe ( avec toutefois, bien sûr, des moyens de contester des blocages sans fondement).

On pourrait continuer longtemps sur les méthodes élaborées et incroyablement sophistiquées qui ont été mises en place pour rendre possible tout ce fonctionnement ; des formes de consensus modifié exigées par de très grands groupes; de la façon dont le consensus lui-même renforce le principe de décentralisation en faisant en sorte qu’on ne souhaite pas présenter des propositions devant un groupe très grand si l’on n’a pas les moyens de garantir l’égalité entre les sexes et ceux de la résolution des conflits … Il s’agit d’une forme de démocratie directe très différente de celle que nous associons habituellement à ce terme — ou, d’ailleurs, avec le type de vote à la majorité habituellement employé par les anarchistes européens et nord-américains des générations précédentes ou encore employé dans, disons, les assemblées argentines classe moyenne urbaine (bien qu’il ne le soit, la plupart du temps, parmi les piqueteros les plus radicaux qui tendent à fonctionner par consensus.) Avec des contacts internationaux toujours plus nombreux entre différents mouvements, l’ inclusion de groupes et de mouvements d’Afrique, d’Asie et d’Océanie avec des traditions radicales différentes indigènes, nous assistons au début d’une nouvelle conception mondiale de la signification du terme “démocratie”, aussi éloignée que possible du parlementarisme néolibéral tel qu’il est généralement défendu par les pouvoirs en place à travers le monde.

Il est difficile de suivre ce nouvel esprit de synthèse en lisant la plupart de la littérature anarchiste actuelle, parce que ceux qui dépensent la plupart de leur énergie sur des questions théoriques , plutôt que sur des formes de pratiques émergentes, sont les plus susceptibles de préserver la vieille logique dichotomique sectaire. L’anarchisme moderne est imprégné d’innombrables contradictions. En même temps que les anarchistes,avec un a minuscule, intègrent lentement des idées et des pratiques apprises de leurs alliés indigènes dans leur mode d’organisation ou au sein de leurs communautés alternatives, la principale trace dans la littérature a été l’émergence d’une secte de primitivistes, une bande notoirement controversée qui appelle à la destruction complète de la civilisation industrielle et même, dans certain cas, agricole.[6] Pourtant, ce n’est qu’une question de temps avant que cette vieille logique du soit/ou laisse place à quelque chose qui ressemblera davantage à la pratique des groupes basée sur le consensus.

A quoi pourrait ressembler cette nouvelle synthèse? Il est possible d’en discerner quelques grandes lignes à l’intérieur du mouvement. Elle insistera sur la nécessité d’approfondir constamment le sujet de l’antiautoritarisme, en prenant ses distances du réductionnisme de classe pour essayer d’englober « l’ensemble des formes de domination », c’est à dire mettre l’accent non seulement sur l’état mais également sur les relations entre sexes, non seulement sur l’économie mais aussi sur les relations culturelles et l’écologie, la sexualité et la liberté sous toutes ses formes, et tout cela non seulement à travers les relations à l’autorité mais également basé sur des concepts plus riches et variés

Cette approche ne nécessite pas une expansion sans limite de production matérielle, ou ne prétend pas que la technologie soit neutre, mais elle ne dénonce pas non plus la technologie per se. Au contraire, elle se l’approprie et l’emploie de différentes manières si cela est approprié. Elle ne se contente pas non plus de contester les institutions per se, ou les formes d’organisations politiques per se, elle essaie de concevoir de nouvelles formes d’institutions et d’organisations politiques pour le militantisme et la société nouvelle, incluant des nouvelles formes de réunions, de prises de décision, de coordination, de la même façon qu’ont déjà été revitalisés des groupes affinitaires et de paroles. Et elle ne dénonce pas seulement les réformes per se, mais lutte pour définir et gagner des réformes non réformistes, attentive au besoins immédiats des gens et à l’amélioration de leur vie ici et maintenant , tout en recherchant des gains plus lointains et, finalement, une transformation totale.[7]

Et bien sûr la théorie doit coïncider avec la pratique Pour être pleinement efficace , l’anarchisme moderne devra inclure au moins trois niveaux : des militants, des organisations populaires et des chercheurs. Le problème du moment est que les intellectuels anarchistes qui veulent dépasser les vieilles habitudes avant-gardistes — les vestiges sectaires marxistes qui hantent encore le monde intellectuel radical— ne sont pas tout à fait sûr de ce qu’est supposé être leur rôle. L’anarchisme doit devenir réfléchi. Mais comment ? D’un côté, la réponse semble évidente. On ne devrait pas faire de conférences magistrales, ni dicter, ni même se considérer comme un professeur mais seulement écouter, explorer et découvrir. Démêler et rendre explicite la logique tacite déjà présente dans les nouvelles formes de pratiques radicales. Se mettre au service des militants en apportant des informations, ou en exposant les intérêts de l’élite dominante, soigneusement cachés derrière une soi disant objectivité, des discours qui feraient autorité, plutôt que d’essayer d’imposer une version nouvelle de la même démarche. Mais, en même temps, la plupart des gens reconnaissent que le combat intellectuel à besoin de regagner sa place. Nombreux sont ceux qui commencent à remarquer qu’une des faiblesses fondamentales de l’anarchisme aujourd’hui, par rapport à disons, l’époque des Kropotkine, Reclus ou Herbert Read, est de négliger précisément le symbolique, le visionnaire et de privilégier la recherche de l’efficacité dans la théorie. Comment aller de l’ethnographie à des visions utopiques — idéalement à autant de visions utopiques que possible? Ce n’est pas une coïncidence si les plus grands recruteurs de l’anarchisme dans des pays comme les États-Unis sont des écrivaines féministes de sciences fiction comme Starhawk ou Ursula K. LeGuin [8].

L’une des raisons pour laquelle cela commence à arriver c’est que des anarchistes commencent à récupérer l’expérience d’autres mouvement sociaux à l’aide d’un corpus théorique plus élaboré, des idées qui proviennent de cercles proches ou inspirées par l’anarchisme. Prenons par exemple l’idée d’économie participative, qui représente une vision économiste anarchiste par excellence et qui complète et rectifie la tradition économiste anarchiste. Les théoriciens de la Parecon exposent l’existence de non seulement deux mais trois classes principales dans le capitalisme moderne: pas seulement une bourgeoisie et un prolétariat mais également une classe de « coordinateurs » dont le rôle est de diriger et contrôler le travail de la classe ouvrière. Il s’agit de la classe qui comprend la l’appareil hiérarchique de direction, les consultants professionnels et les conseillers, ayant un rôle central dans le système de contrôle — comme avocats, ingénieurs, analystes, et ainsi de suite. Ils conservent cette position de classe grâce à leur monopolisation respective de leurs connaissances, compétences et relations. Par conséquent, des économistes et autres travaillant sur cette tradition ont essayé de créer des modèles pour une économie qui éliminerait systématiquement les divisions entre travail manuel et intellectuel. Maintenant que l’anarchisme est devenu clairement le centre de la créativité révolutionnaire, les adversaires de tels modèles se sont, sinon rallié exactement au drapeau, mais ont souligné malgré tout combien ces idées étaient compatibles avec la vision anarchistes.[9]

Des choses similaires commencent à apparaître avec l’évolution des visions politiques anarchistes. C’est un domaine ou l’anarchisme classique avait déjà une longueur d’avance sur le marxisme classique , qui n’a jamais développé une quelconque théorie de l’organisation politique Des écoles différentes de l’anarchisme ont déjà préconisé des formes d’organisations sociales très précises, même si elles sont souvent en nette contradiction les unes avec les autres. Pourtant, l’anarchisme dans son ensemble a eu tendance à mettre en avant ce que les libéraux appellent des « libertés négatives », des ‘libertés contre,’ plutôt que des ‘libertés pour.’ positives. Cela a été souvent salué comme la preuve du pluralisme de l’anarchisme, de sa tolérance idéologique ou de sa créativité. Mais en contrepartie, se sont manifestées la réticence à aller au-delà de formes d’organisations à petite échelle et l’opinion selon laquelle des structures plus grandes et plus complexes pourront être improvisés plus tard dans le même esprit.

Il y a eu quelques exceptions. Pierre Joseph Proudhon a essayé d’inventer une vision globale du fonctionnement d’une société libertaire .[10] Cela est généralement considéré comme un échec, mais a montré la voie pour des visions plus élaborées comme le “municipalisme libertaire” des North American Social Ecologists . Par exemple Il existe un débat animé sur comment équilibrer le contrôle des ouvriers – mis en avant par les partisans de la Parecon — et la démocratie directe , mise en avant par les Écologistes Sociaux.[11]

Pourtant, il existe encore de nombreux détails à régler : quelles sont, dans leur totalité, les alternatives institutionnelles constructives des anarchistes face aux pouvoirs législatifs , tribunaux, forces de police et diverses structures exécutives actuelles ? Comment présenter une vision politique qui englobe la législation, la mise en application, l’adjudication et la défense de ce qui devrait être accompli concrètement de manière antiautoritaire — non seulement pour entretenir un espoir à long terme mais également pour faire part de réponses immédiates face au système électoral, législatif, de maintien de l’ordre, et judiciaire et donc d’offrir de nombreux choix stratégiques. Évidemment, il ne pourra jamais y avoir une ligne de parti anarchiste sur ces sujets, le sentiment général, au moins parmi les anarchistes avec un a minuscule, étant que nous avons besoin de nombreuses visions concrètes. Néanmoins, entre les expérimentations sociales actuelles au sein de communautés autogérées en pleine croissance dans des régions comme le Chiapas et en Argentine, et les efforts des militants/chercheurs anarchistes comme les forums du Planetary Alternatives Network nouvellement créé ou de Life After Capitalism qui commencent à localiser et à recenser des exemples réussis d’initiatives économiques et politiques , le travail est commencé [12]. C’est de tout évidence un processus à long terme. Mais le siècle anarchiste ne fait que commencer.

[1] Cela ne signifie pas que les anarchistes doivent être contre toute théorie. Il n’est pas besoin d’une Grande Théorie au sens habituel du terme aujourd’hui. Nous n’avons certainement pas besoin d’une seule Grande Théorie Anarchiste Cela irait totalement à l’encontre de son esprit. Nous pensons qu’il vaut mieux quelque chose de plus adapté au processus anarchiste de prise de décision : appliqué à la théorie, cela signifierait accepter la nécessité d’une grande diversité de perspectives théoriques, unies seulement par un certain nombre de vues et d’engagements communs. Plutôt que de se baser sur le besoin de prouver que les hypothèses des autres sont fausses, c’est la recherche de projets précis au sein desquels ces perspectives se renforcent mutuellement. Le fait que ces théories sont différentes sir certains points ne signifient pas qu’elles ne peuvent exister côte à côte, voire se compléter, pas plus que le fait que les individus aient des vues uniques et différentes sur le monde n’empêche qu’ils ne peuvent pas devenir amis ou amants ou encore de travailler sur des projets communs. Bien plus qu’une Grande Théorie l’anarchisme a besoin de ce que l’on pourrait appeler une petite théorie : une façon de se colleter avec ces questions réelles, immédiates qui émergent d’un projet de transformation social
[2] Pour plus d’information sur l’histoire passionnante de Peoples Global Action , nous suggérons le livre We are Everywhere: The Irresistible Rise of Global Anti-capitalism, édité par Notes from Nowhere, London: Verso 2003. Voir aussi le site web de PGA :http://www.agp.org
NDT : Je suis plus réservé que les auteurs sur PGA, devenu inactif aujourd’hui semble t’il, même si l’idée de départ était intéressante
[3] Cf. David Graeber, “New Anarchists”, New left Review 13, Janvier— Février 2002
[4] Voir Diego Abad de Santillan, After the Revolution, New York: Greenberg Publishers 1937
[5] Pour plus d’ information : http://www.indymedia.org
*spokescouncils Réunion de groupes affinitaires afin de définir ensemble des actions communes NDT
[6] Cf. Jason McQuinn, “Why I am not a Primitivist”, Anarchy: a journal of desire armed, printemps/été 2001.Cf. le site anarchiste http://www.anarchymag.org . Cf. John Zerzan, Future Primitive & Other Essays, Autonomedia, 1994.
[7] Cf. Andrej Grubacic, Towards an Another Anarchism, : Sen, Jai, Anita Anand, Arturo Escobar et Peter Waterman, The World Social Forum: Against all Empires, New Delhi: Viveka 2004.
[8] Cf. Starhawk, Webs of Power: Notes from Global Uprising, San Francisco 2002. Voir aussi: http://www.starhawk.org
[9] Albert, Michael, Participatory Economics, Verso, 2003. Voir également: http://www.parecon.org
[10] Avineri, Shlomo. The Social and Political Thought of Karl Marx. London: Cambridge University Press, 1968
[11] Voir The Murray Bookchin Reader, édité par Janet Biehl, London: Cassell 1997. Egalement le site web de lnstitute for Social Ecology: http://www.social-ecology.org
[12] Pour plus d’information sur le forum Life After Capitalism :http://www.zmag.org
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David Graeber (né le 12 février 1961) est un anthropologue et militant anarchiste américain. Auteur de plusieurs ouvrages dont
Fragments of an anarchist anthropology. Chicago: Prickly Paradigm Press (2004)
Debt: The First 5000 Years. Brooklyn, N.Y: Melville House. (2011)

Andrej Grubačić est enseignant universitaire, sociologue, militant anarchiste
Auteur de plusieurs ouvrages en serbe et en anglais dont Don’t Mourn, Balkanize!: Essays After Yugoslavia. PM Press. (2010)

Textes et Documents

Filed under: Textes et Documents — R&B @ 10 h 02 min

Cette rubrique contient des textes et documents généralement traduits (de l’anglais uniquement) et inédits en français.

Les traductions sont bien sûr perfectibles.

Les textes et document mis en ligne ici sontcopyleft et peuvent donc être repris librement sous quelle que forme que ce soit.

3 février 2013

APPEL A MOBILISATION Ferme de Bellevue

Filed under: Notre Dame Des Landes — R&B @ 11 h 31 min

vendredi 1er février 2013

APPEL A MOBILISATION Ferme de Bellevue

Voici un appel de la Confédération Paysanne 44

Comme vous le savez, la Ferme de Bellevue est occupée depuis lundi (lire communiqué de presse ci-dessous). Aujourd’hui, des travaux ont été entamés pour la remettre en état, mais il y aura encore besoin d’un coup de main demain !

C’est pourquoi nous appelons tous ceux qui le peuvent à se rendre demain, samedi 2 février sur la Ferme de Bellevue à Notre Dame des Landes, avec des pelles, des brouettes, … La Ferme doit être remise en état pour l’arrivée des animaux le lendemain et c’est notre rôle de le faire.

Vous êtes également invités à venir pour la réintroduction des animaux ce dimanche 3 février, à partir de 12h00.

Merci d’avance pour votre mobilisation.

Le Secrétariat de la Conf’ 44

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport (COPAIN), occupe depuis lundi, la ferme de Bellevue libérée la veille. Cette occupation la protège de sa démolition et de son démantèlement afin qu’elle garde son potentiel de production en attendant l’arrêt du projet.

C’est dans une démarche constructive qu’un jeune paysan s’est déclaré résidant et actif dans la ferme et qu’une réintroduction d’animaux (vaches, moutons, poules) va se faire dimanche 3 février et nous vous invitons à une conférence de presse lors de l’arrivée des animaux, dimanche à 12h sur le site de « Bellevue ».

https://zad.nadir.org/APPEL-A-MOBILISATION-ferme-de

Voir aussi Sème ta ZAD

Appel à cultiver les terres de la ZAD collectivement

https://zad.nadir.org/Seme-ta-ZAD

 

ZONE A

Filed under: Non classé — R&B @ 10 h 38 min

La ZAD est partout !

ZONE A comme Anarchisme

Comme A Défendre

Comme A Débattre

ZONE A n’a pas de chapelle, mais de nombreuses racines et branches.

(A)VENIR

Un regard libre sur les réflexions concernant les pratiques et théories antiautoritaires. Il sera question de luttes et d’initiatives mais Zone A ne sera pas un blog d’information, faute de réactivité suffisante.

L’anarchisme est avant tout une lutte quotidienne contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Elles sont aussi nombreuses que variées, hélas, et seront traitées sans hiérarchie.

C’est aussi la recherche permanente d’espaces et d’initiatives susceptibles de créer d’autres modes de relations entre individus ou groupes d’individus, d’autres modes de production et de consommation, ou d’obtenir des améliorations graduelles, partout où cela est possible.

L’anarchisme est révolutionnaire, dans le sens où il est incompatible avec une vision réformiste de la société capitaliste. Mais l’idée de révolution ne saurait se limiter à l’imagerie mythique de la barricade et de la prise de la Bastille. Elles est permanente, partout, dans la diffusion des idées, dans les luttes sur le lieux de travail, dans l’organisation des quartiers, des minorités, dans la défense de l’environnement, dans la création artistique, et sous de nombreuses autres formes encore.

L’anarchisme est social, parce qu’il exige l’organisation, la coordination et la coopération, sur des modèles cohérents avec sa vision sociétale.

L’anarchisme rejette toute idée d’avant-garde autoproclamée, quel que soit le masque derrière lequel elle se cache.

L’anarchisme est pluriel et vivant, et ne peut être enfermé dans nul dogme ou modèle unique.

Tout en se démarquant très clairement d’analyses et d’approches différentes, vous ne trouverez pas dans Zone-A d’attaques virulentes et polémiques vis à vis de l’anticapitalisme au sens large. Les vrai-e-s ennemi-e-s ne sont pas en leur sein.

Mais il n’y a pas non plus application de la formule douteuse « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». L’anticapitalisme a parfois des relents nauséabonds. Le radicalisme libertaire est indissociable de l’antiracisme. Tout appel à la haine et aux discriminations de genres, de races ou de croyances, marque une ligne rouge infranchissable.

Au-delà du mouvement libertaire et de ses relations avec les milieux radicaux, existent aussi des tendances (et des frictions) au sein même de ce courant.

La démarche de Zone-A sera toujours d’être le porte-parole de toutes les tendances confondues, dans le respect de la diversité et dans la recherche de rapprochements.

Enfin, il n’y a pas d’anarchisme sans ouverture et Zone-A ouvrira ses colonnes aux initiatives et réflexions sur les sciences sociales et politiques, sur les initiatives autogestionnaires, sur la culture, sur les luttes de libération, sur les formes de résistance à toutes les formes de domination et d’exploitation.

Ils/elles sont plus d’un-e- pour cent. Ils/elles sont légions. Ils/elles sont partout.

Tous les articles parus dans Zone-A peuvent être librement reproduits sous quelle que forme que ce soit.


 

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