ZONE A

4 février 2013

Anarchy Alive !

Filed under: Non classé — R&B @ 11 h 43 min
Anarchy Alive! Les politiques antiautoritaires de la pratique à la théorie.Uri Gordon. Traduction et préface de Vivien Garcia. Lyon: Atelier de Creation Libertaire (2011)

L’anarchie est vivante, mais sait-elle à quel point elle l’est ? C’est peut-être le résumé le plus bref possible du livre de Uri Gordon. Et décrire à quel point elle l’est, rend difficile la tâche de résumer ce livre .

Vivien Garcia, traducteur de l’ouvrage et auteur de la préface, le situe à juste titre dans la tradition d’ouvrages universitaires anglophone « qui s’intéressent aux gestes et pensées anarchistes » :
« En Europe francophone, la traduction de cet ouvrage offre peut-être la première introduction générale à des préoccupations et courants qui structurent une bonne part des réflexions libertaires en Amérique du Nord et, par communauté linguistique, dans le monde anglophone »

Si ce livre est né d’une thèse universitaire – Anarchism and Political Theory:Contemporary Problems – et si Gordon est un universitaire, ce livre est avant tout celui d’un militant engagé et se lit comme tel.

La thèse du livre, au premier sens du terme comme il été dit plus haut, est la ré-émergence de l’anarchisme comme mouvement social, sous une forme contemporaine, en discontinuité marquée avec le mouvement ouvrier et paysan historique. L’anarchisme contemporain serait le point d’intersection des mouvement radicaux d’actions directs des années 60 – le féminisme, l’écologie, la résistance à l’énergie et aux armes nucléaires , à la guerre et à la mondialisation néo-libérale.

L’apparition d’une « nouvelle école » à côté d’une « ancienne école » en quelque sorte. Cette thèse est soutenue par Graeber (1) également, mais l’approche et les conclusions diffèrent quelque peu. Là où Graeber fait une distinction au sein du mouvement anarchiste, entre « groupes Anarchistes avec un A majuscule » qualifiés de « dogmatiques » (implicitement, avance Gordon, des organisations comme l’Internationale des Fédérations Anarchistes (IFA) ou la International Workers Association) et une tendance majoritaire d’anarchistes avec un a-miniscule ; Gordon réfute cette ligne de partage, mettant en doute que beaucoup de militantEs des A-majuscules conçoivent leur anarchisme de manière dogmatique, comme une ligne dictée « par le parti »

La différence repose selon lui non pas sur l’aspect dogmatique ou non, mais sur la culture politique, celle de la « vieille école » restant en grande partie étroitement liée avec l’histoire du mouvement anarchiste du XIXème siècle et du début du XXème.

La « nouvelle école », difficile à cerner, car ne se qualifiant pas toujours « anarchistes » , certainEs militantEs en refusant même le nom, repose sur ce que Jeff Juris a appelé la logique culturelle du travail en réseau réseau [ cultural logic of networking] :
« Cette forme d’organisation et de pratique politique est basée sur des structures non-hiérarchiques, une coordination horizontale de groupes autonomes, un accès ouvert, une participation directe, des modalités de prises de décision fondées sur le consensus et l’idée d’une circulation libre et transparente de l’ information »(2)

Là où l’organisation « traditionnelle » cherchera à recruter, la logique de réseau aura pour objectif  » une expansion horizontale et « une connectivité » améliorée en articulant divers mouvements dans des structures d’information flexibles et décentralisée, qui permettent une coordination et une communication maximale » (2)

Les relations entre « nouvelle » et « vieille » écoles sont tendues.
« L’essai polémique de Murray Bookchin , [qui a été l’un des premiers à ouvrir le feu], – Social Anarchism or Lifestyle Anarchism: An Unbridgeable Chasm (3) – laisse entrevoir l’acceptation et la défense d’une orthodoxie anarchiste  » à partir de laquelle les nouvelles tendances de l’anarchisme se voient niée toute légitimité et refuser la solidarité »

Gouffre insurmontable ? Gordon cite John Moore, qui plaide pour un « maximalisme anarchiste » où tout serait ouvert à la critique et à la réévaluation  » en particulier quand on approche ces icônes que sont les vestiges de l’anarchisme classique ou les modes précédentes du radicalisme (par exemple, le travail, l’ouvriérisme, l’histoire) ou ces icônes caractéristiques de l’anarchisme contemporain (par exemple, le primitivisme, la communauté, le désir et – par dessus tout – la nature). Rien n’est sacré, encore moins les tabous fétichisés, réifiés de l’anarchisme » (4)

Gordon s’attache ensuite à approfondir les caractéristiques de « l’anarchisme contemporain » . Lorsqu’elle se fait en comparaison avec l’anarchisme social, on peut regretter, ou reprocher certaines approximations ou raccourcis hâtifs – mais peut-il en être autrement dans un ouvrage qui n’est pas destiné à en être une critique – ce qui ne retire rien de l’intérêt du travail de Gordon, écrit sur un ton non polémique, et qui, loin de vouloir apporter des réponses définitives, ni jeter le bébé de la « vieille école » avec l’eau du bain, ouvre des pistes de réflexions sur de nombreux sujets. La richesse de l’ouvrage et les nombreux thèmes abordés se prêtent, invitent, à la poursuite du débat et de la réflexion.

De ce débat et de ces réflexions, qui ne sont pas l’apanage d’une « nouvelle école », ni des chercheurs universitaires, mais que doivent s’approprier les militantEs,dépend sans doute l’avenir de l’anarchisme dans le XXIème siècle.
Parce que, comme le dit Gordon, » L’anarchisme n’a pas encore dit son dernier mot »

1. L’Anarchisme, Ou Le Mouvement Révolutionnaire du Vingt et Unième Siècle . Andrej Grubacic & David Graeber (traduction)
http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=16&t=6858#p82921
Texte original : http://www.zcommunications.org/anarchism-or-the-revolutionary-movement-of-the-twenty-first-century-by-david-graeber Publié le 6 janvier 2004
2. Jeff Juris « Digital Age Activism: Anti-corporate globalization and the cultural politics of transnational networking » (2004); PhD thesis, University of California at Berkeley .
3. http://libcom.org/library/social-anarch … y-bookchin
4.Maximalist Anarchism/Anarchist Maximalism, Social Anarchism 25; http://www.spunk.org

La thèse de Uri Gordon est disponible en ligne :Anarchism and Political Theory:Contemporary Problems
http://theanarchistlibrary.org/library/uri-gordon-anarchism-and-political-theory-contemporary-problems

On peut lire aussi la critique du livre par Wayne Price The Two Main Trends in Anarchism
http://theanarchistlibrary.org/library/wayne-price-the-two-main-trends-in-anarchism

L’occasion de saluer ici le travail de l’Atelier de Création Libertaire http://www.atelierdecreationlibertaire.com/

3 février 2013

ZONE A

Filed under: Non classé — R&B @ 10 h 38 min

La ZAD est partout !

ZONE A comme Anarchisme

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(A)VENIR

Un regard libre sur les réflexions concernant les pratiques et théories antiautoritaires. Il sera question de luttes et d’initiatives mais Zone A ne sera pas un blog d’information, faute de réactivité suffisante.

L’anarchisme est avant tout une lutte quotidienne contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Elles sont aussi nombreuses que variées, hélas, et seront traitées sans hiérarchie.

C’est aussi la recherche permanente d’espaces et d’initiatives susceptibles de créer d’autres modes de relations entre individus ou groupes d’individus, d’autres modes de production et de consommation, ou d’obtenir des améliorations graduelles, partout où cela est possible.

L’anarchisme est révolutionnaire, dans le sens où il est incompatible avec une vision réformiste de la société capitaliste. Mais l’idée de révolution ne saurait se limiter à l’imagerie mythique de la barricade et de la prise de la Bastille. Elles est permanente, partout, dans la diffusion des idées, dans les luttes sur le lieux de travail, dans l’organisation des quartiers, des minorités, dans la défense de l’environnement, dans la création artistique, et sous de nombreuses autres formes encore.

L’anarchisme est social, parce qu’il exige l’organisation, la coordination et la coopération, sur des modèles cohérents avec sa vision sociétale.

L’anarchisme rejette toute idée d’avant-garde autoproclamée, quel que soit le masque derrière lequel elle se cache.

L’anarchisme est pluriel et vivant, et ne peut être enfermé dans nul dogme ou modèle unique.

Tout en se démarquant très clairement d’analyses et d’approches différentes, vous ne trouverez pas dans Zone-A d’attaques virulentes et polémiques vis à vis de l’anticapitalisme au sens large. Les vrai-e-s ennemi-e-s ne sont pas en leur sein.

Mais il n’y a pas non plus application de la formule douteuse « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». L’anticapitalisme a parfois des relents nauséabonds. Le radicalisme libertaire est indissociable de l’antiracisme. Tout appel à la haine et aux discriminations de genres, de races ou de croyances, marque une ligne rouge infranchissable.

Au-delà du mouvement libertaire et de ses relations avec les milieux radicaux, existent aussi des tendances (et des frictions) au sein même de ce courant.

La démarche de Zone-A sera toujours d’être le porte-parole de toutes les tendances confondues, dans le respect de la diversité et dans la recherche de rapprochements.

Enfin, il n’y a pas d’anarchisme sans ouverture et Zone-A ouvrira ses colonnes aux initiatives et réflexions sur les sciences sociales et politiques, sur les initiatives autogestionnaires, sur la culture, sur les luttes de libération, sur les formes de résistance à toutes les formes de domination et d’exploitation.

Ils/elles sont plus d’un-e- pour cent. Ils/elles sont légions. Ils/elles sont partout.

Tous les articles parus dans Zone-A peuvent être librement reproduits sous quelle que forme que ce soit.


 

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