Occupy : Un laboratoire répressif
Automne 2011. Les campements du mouvement américain Occupy sont démantelés les uns après les autres. À l’époque, il était déjà clair que ces actions étaient coordonnées par le FBI au niveau national.
Noami Wolf du Guardian, journaliste et militante, qui fut elle-même arrêtée à New-York en octobre 2011, et qui fut l’une des premières à dénoncer l’action coordonnée des agences de sécurité américaines (1), revient à la charge, avec un nouveau dossier, plus accablant encore.
« C’était plus sophistiqué que nous l’avions imaginé » (2) La lutte contre n’a pas seulement été coordonnée entre le FBI, le Department of Homeland Security et les polices locales, mais avec la participation des grandes banques elles-mêmes et du secteur public, les autorités universitaires, entre autres.
C’est ce que révèle un document publié (3) par le Partnership for Civil Justice Fund, et qui montre, selon Mara Verheyden-Hilliard, cofondatrice du PCJF, que “ le FBI et le Department of Homeland Security traitent l’opposition contre les milieux bancaires et d’affaires américains comme une activité terroriste et potentiellement criminelle . Ces documents montrent aussi que ces agences fédérales sont de facto le bras du renseignement de Wall Street et des grandes entreprises américaines »
Dès le 19 août 2011, le FBI a organisé une réunion avec le New York Stock Exchange pour discuter des manifestation de Occupy Wall Street, qui ne commenceront qu’un mois plus tard.
Autre exemples parmi des dizaines d’autres :
Le “Campus Liaison Program” où le FBI à Albany et la Syracuse Joint Terrorism Task Force ont communiqué des informations à la police des campus de 22 universités.
Les Naval Criminal Investigative Services (NCIS) ont fait, eux, des rapports concernant les relations entre Occupy et les syndicats, en lien avec les actions dans les ports. Les NCIS se décrivent comme une organisation fédérale d’élite du maintien de l’ordre dont « la mission est d’enquêter sur, et de mettre en échec, les menaces criminelles, terroristes et de renseignements étrangers vis à vis de la Marine des Etats-Unis et du Corps de Marine, à terre, en mer et dans le cyberspace.” Les NCIS aident aussi au transport des prisonniers de Guantanamo. (4)
Un des maitres d’oeuvre de cette collaboration entre les agences de sécurité et le milieu des affaires américains est la Domestic Security Alliance Council. (5)
Welcome to the Domestic Security Alliance Council
Domestic Security
Combating Crime, Protecting Commerce
Le DSAC, qui rassemble, comme le proclame fièrement la page d’accueil de son site, « près de 200 sociétés américaines et organisations », nombre qui « continue de grandir », se présente comme :
« un partenariat stratégique entre le FBI, le Department of Homeland Security et le secteur privé » avec lequel il a pour but « d’améliorer les communications et de promouvoir les échanges
d’informations rapides et bidirectionnelles ».
Ou, comme l’écrit Noami Wolf « un réseau terrifiant d’activités coordonnées entre DHS, FBI, police, secteur privé si complètement immergé dans un autre que le monstre dans son ensemble, n’est en fait qu’une seule entité: dans certains cas, elle n’a qu’un seul nom, le Domestic Security Alliance Council.
Ses buts : travailler avec et pour les banques ,traquer et démanteler toute opposition intérieure. Cette fusion entre secteur privé et sécurité intérieure est un nouveau pas vers la criminalisation de toute opposition, dans le cadre plus général de l’état de guerre permanent ; guerre contre le terrorisme, guerre contre la drogue, guerre contre la cyber délinquance, etc…
Et en France ? Souvenez – vous : une conférence presse de Valls, le 5 novembre dernier, après une réunion ministérielle sur l’organisation internationale de la police, et sa déclaration selon laquelle il existe des » processus de radicalisation dans de nombreux pays mais en France, il a pris des proportions inquiétantes » . Quelle radicalisation ? Des » formes de violence provenant de l’ultra-gauche, de mouvements d’anarchistes ou d’autonomes » Et plus précisément ? « des groupes violents gravitant autour de projets comme la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin ou l’aéroport de Notre Dame des Landes en France » . (6)
Pas touche à Vinci, AREVA, Bouygues et consorts.
Qui surveille ceux qui nous surveillent ? Il est toujours plus tard que tu ne crois.
1.The shocking truth about the crackdown on Occupy
Naomi Wolf The Guardian, 25 Novembre 2011
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/cifamerica/2011/nov/25/shocking-truth-about-crackdown-occupy
2. Revealed: how the FBI coordinated the crackdown on Occupy Naomi Wolf The Guardian,29 Decembre 2012http://www.guardian.co.uk/commentisfree … own-occupy
3.http://www.justiceonline.org/commentary/fbi-files-ows.html
4.http://www.ncis.navy.mil/Pages/publicdefault.aspx
5. http://www.dsac.gov/Pages/index.aspx
Voir à ce sujet : The Times They Are A Changin’ http://zonea.blogue.fr/wp-admin/post.php?post=138&action=edit