ZONE A

16 février 2013

The Times They Are A Changin’

Filed under: Chroniques Zone-A — R&B @ 10 h 45 min

Espagne Puerta del Sol, Occupy Wall Street ,Grèce, Printemps Arabe, Printemps Erable , d’innombrables luttes « locales » , mais qui focalisent souvent les consciences sur un plan national, voir international, les systèmes autoritaires, capitalistes ou non, ont vu s’ouvrir de multiples fronts sous de multiples formes ces dernières années.

Le 5 février, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, s’est inquiété des risques « d’implosions ou explosions sociales », assurant que ses services étaient mobilisés pour éviter tout débordement lors de mouvements sociaux car « on ne peut pas casser l’outil de travail ».

« Aujourd’hui on assiste moins à des mouvements sociaux, qu’à des implosions ou explosions sociales », a-t-il mis en garde. « Il faut en faire l’analyse fine, c’est le travail de l’Information générale (SDIG, ex-Renseignements généraux) de la sécurité publique », a-t-il ajouté. Ces explosions sociales, « il faut essayer de les comprendre, mais on ne peut pas les admettre », a ajouté M. Valls. « On peut essayer de comprendre les raisons qui poussent des hommes et des femmes au désespoir », mais « on ne peut pas casser l’outil de travail ». (1)

Le 5 novembre 2012, le même Valls déclarait que « Les 190 pays membres de l’organisation Interpol doivent « approfondir les échanges d’information et leurs connaissances dans les domaines de l’islamisme radical, de l’ultra-gauche et dans la lutte contre les mafias », a estimé lundi le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls.  »

Il a aussi préconisé davantage de coopération face « aux formes de violence provenant de l’ultra-gauche, de mouvements d’anarchistes ou d’autonomes », en citant « des groupes violents » gravitant autour de projets comme la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin ou l’aéroport de Notre Dame des Landes en France. » (2)

Il n’est pas nécessaire ici de revenir sur la poursuite des politiques répressives de l’état sarkozyste par l’état socialiste. L’état fait son travail et sert l’intérêt des mêmes gens, qu’il soit de « droite » ou de « gauche »

Non, ce qu’il est intéressant de constater, c’est l’inquiétude des états face aux manifestations populaires de ce début du XXIème siècle et les réponses qu’ils met en place.

Valls, en bon ministre de l’Intérieur, se tourne naturellement vers les services de renseignements. La raison en est simple. Les grands mouvements sociaux comme celui contre la réforme des retraites de 2011 sont aisément contrôlables à travers les directions syndicales, capables de drainer le mécontentement et, à un moment donné, de s’assoir à une table de négociations avant que de siffler la fin de la partie. Les «  »implosions ou explosions sociales » sont, elles, incontrôlables puisque, une fois les directions syndicales dépassées, l’état n’a plus d’interlocuteurs. C’est la rue qui parle d’une seule voix. Pas de leaders, pas de porte-paroles, qui puissent être corrompus ou amadoués par une perspective alléchante ou de fausses promesses.

Mais dans la tête formatée d’un ministre de l’intérieur, il existe obligatoirement des leaders, des manipulateurs, tirant les ficelles dans l’ombre. C’est la théorie de « l’ultra gauche » qui a notamment servi lors du pétard mouillé de « l’affaire de Tarnac ».

Cette forme de dissidence, qui refuse de jouer selon les règles du jeu dit « démocratique », doit être criminalisée, pour être coupée et isolée de l’opinion publique. Le « diviser pour mieux régner » n’est pas une technique nouvelle, mais son application est rendue aujourd’hui plus difficile. Il existe quelques signes inquiétants pour notre ministre de l’Intérieur, comme à Notre Dame des Landes où « des groupes violents » sympathisent avec la population locale et régionale, malgré toutes les tentatives de désinformation essayant de prouver le contraire.

L’action directe n’est pas admissible car elle remet en cause le concept « démocratique » de représentativité. La représentativité suppose l’abandon de son pouvoir de décision, la démocratie ne s’exerçant que dans les urnes, selon le vieil adage que « ce n’est pas la rue qui décide ». Car, c’est bien connu, le peuple ne peut décider par lui-même ce qui est bon pour lui. Essayer de le convaincre du contraire est la forme la plus élevée et la plus dangereuse de la subversion.

Dès lors, cette subversion doit être combattue par tous les moyens possibles puisqu’elle s’attaque effectivement aux fondements de l’ordre établi. En façade, elle sera combattue par le discours politique, grâce à la servilité des médias dominants. En sous-mains, le système répressif sera mobilisé.

L’exemple des autorités américaines face au mouvement Occupy démontrent l’étroite collaboration entre services de renseignements, de police, institutions, entreprises et milieux financiers.(3) Cela à au moins le mérite d’être clairement affiché. Nul doute que Valls et ses services apprendrons la leçon.

Il appartient également aux mouvements radicaux d’en tirer les enseignements. Il ne s’agit nullement de tomber dans la paranoïa, encore moins de se réfugier dans les illusions morbides avant-gardistes et clandestines. Personne n‘a besoin de martyrs et nos luttes ne doivent être que le reflet de la société nouvelle à laquelle nous aspirons, dans le respect de la diversité, mais sur des points d’unité clairement établis : Une société égalitaire, débarrassée de toute forme d’exploitation et d’oppression. A nous d’en inventer les formes dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les espaces libérés, et mettant en œuvre ici et maintenant les seules armes dont nous disposons : la solidarité, l’entraide mutuelle et la fraternité.

Ce sont, après tout, les seules armes que craignent ceux qui nous dirigent.

(1) http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/valls-inquiet-des-risques-dimplosions-explosions-sociales-343106

(2) http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/echanger-davantage-sur-l-islamisme-radical-l-ultra-gauche-et-les-mafias-selon-valls-05-11-2012-2294445.php

(3) Voir Occupy : Un laboratoire répressifhttp://zonea.blogue.fr/2013/02/16/occupy%c2%a0-un-laboratoire-repressif/

 

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